lundi 30 juin 2008

INTERVIEW DE FIN DE RESIDENCE


" ON A REMPLI NOTRE MISSION "


- Etre en résidence pendant trois ans et demi, n'est-ce pas du luxe ?

- C'est un luxe parce qu'on nous a donné des moyens pour défendre des projets. Mais nos subventions ont fondu au fil des trois ans. De 35 000 euros la première année, on est passé à 25 000 puis à 20 000 euros la troisième année. On a été obligé de revoir nos ambitions à la baisse, sachant que l'on a tout de même monté pendant ces trois ans au moins une prestation par mois à Gisors... Mais on ne crache pas dans la soupe. Il faut souligner le courage énorme de Marcel Larmanou. C'était très difficile à l'époque d'imaginer, pour les élus, ce que serait une résidence d'artistes. Gisors a très peu de lieux. Nous, on arrivait avec des exigences matérielles, notamment pour répéter.

- Au procès d'élitisme que certains élus vous ont fait, que répondez-vous aujourd'hui ?

- Pour moi, c'est un faux débat. Sur la totalité de la résidence, on a fait des choses : 150 personnes lors de la soirée danse contemporaine / cinéma. 600 personnes aux Journée du Patrimoine 2007. 150 lycéens venus jeudi dernier venus applaudir leurs camarades... Une résidence telle que la nôtre ne peut pas fonctionner en terme de chiffres. L'art contemporain est une frange. Il amène moins de public, c'est inscrit. On était de plus dans une addition par rapport à la Saison Culturelle. On a rempli notre mission. Par contre, nous n'avons pas été défendus au niveau de la communication de la Ville. Aller coller des affiches, ce n'est pas mon rôle. La ville a sa responsabilité dans le déficit de communication, non seulement pour nous, mais pour tous les spectacles de la saison culturelle.

- Quels sont vos projets désormais ?

- A un moment donné, il faut qu'une ville défende d'autres artistes. La diversité artistique est importante. On travaille à un gros projet de résidence pour 2009 à Metz. Pour nous, c'est un enjeu énorme. Cela confirmera que les Désinents sont présents sur la scène contemporaine européenne. D'autres propositions nous attendent... Un accueil sera peut-être possible à Gisors : nous reviendrons !

L.A., in l'Impartial

mardi 10 juin 2008

FIN DE SAISON ET FIN DE LA RESIDENCE A GISORS


chers tous,

après une saison bien remplie par les différents projets gisorsiens et la création de l'opéra pluridisciplinaire "Medeamaterial" autour du fameux texte de Heiner MÜLLER, les Désinents prennent une pause avant d'entamer la rentrée de septembre.

Aurélien RICHARD, directeur artistique de l'ensemble, a décidé de laisser un peu reposer l'équipe pour permettre l'élaboration des nouveaux projets 2009-2010. En effet, après pas moins de quatre ans de résidence à Gisors, avec le plus souvent un projet nouveau par mois, les Désinents ont maintenant choisi de re-questionner leurs modes de production, leur représentativité, leur réactivité, leurs enjeux artistiques face à un marché du spectacle vivant de plus en plus saturé et par là-même et paradoxalement, de plus en plus précaire.

Longtemps seul à décider des projets et de la manière de les mener à bien, Aurélien souhaite désormais travailler avec une équipe de collaborateurs forte, ambitieuse comme l'a toujours été l'ensemble, afin aussi de réfléchir et de re-définir la notion de groupe de travail, de pensée. Il souhaite ne pas isoler les différents projets mais plutôt, en réunissant à chaque fois toute l'équipe, concerner tous ceux qui pourraient être force de proposition dans chacun d'eux et leur apporter un éclairage particulier.
Il ne s'agit pas non plus à proprement parler d'un fonctionnement en collectif, Aurélien restant directeur artistique.

Il est question ici d'enrichir la réflexion, d'encourager à produire, d'ouvrir un espace à une communauté d'esprits afin d'écrire une matière sensible et singulière pour le plateau.

Pour ce faire, Aurélien RICHARD propose à Christine CARADEC, Caty OLIVE, Thierry GRAPOTTE et Frédéric PEROUCHINE de travailler avec lui sur les différents projets que voici :

- "L'Art de la Fugue > dérivations", pièce chorégraphique et musicale pour un pianiste et un créateur lumière autour de l'oeuvre de Johann Sebastian BACH

- "Introspection(s)", atelier pédagogique sur l'acteur pour une vingtaine de lycéens à partir d'un texte de Peter HANDKE

- "snow whirled / nothing ever fell", solo de danse pour Mickaël PHELIPPEAU avec musicien

- "les concerts commentés", cycle regroupant différents programmes musicaux, en solo, duo ou ensemble

Ces projets ne sont pas les "créations 2009 ou 2010" de l'ensemble, ils sont chacun comme une mise à l'épreuve, un questionnement, une occasion pour se jouer du formatage (tant présent sur nos plateaux) des propositions scéniques actuelles et une façon d'exposer nos envies d'artistes, si dépendantes de nos manières de sentir, de voir, d'écouter, de faire, de défaire, de construire...

... une manière de (sur)vivre.